Interview : Rémi Cavagna "On aime le mouvement"

Interview : Rémi Cavagna "On aime le mouvement"

C'est l'un des coureurs français les plus prometteurs de sa génération. À tout juste vingt-trois ans, Rémi Cavagna entame sa troisième saison au sein de la formation Deceuninck-Quick Step. Vainqueur d'À travers la Flandre Occidentale et quatrième du Tour du Guangxi en 2018, l'Auvergnat entend bien continuer sa progression en 2019 et aspire à de nouveaux succès. Vélo-Club.net est allé à sa rencontre.

Vous rentrez de Calpe où vient de se terminer le premier stage d'avant-saison. Comment cela s'est-il passé ?

Bien. Le groupe n'a pas trop changé puisqu'il n'y a eu que deux nouvelles recrues (Evenepoel et Honoré). Je pense que c'est une bonne chose d'avoir des coureurs qui se connaissent déjà.

Quick Step a fait exploser tous les compteurs cette année. Quel est le secret de cette réussite ?

Je pense qu'on est une équipe soudée. Tout le monde s'entend bien, c'est déjà une première chose. Après, on est une formation qui aime le mouvement. On n'est pas attentiste. C'est ça qui nous fait gagner. Puis on a un effectif de qualité, il faut le dire aussi.

Un groupe qui a néanmoins perdu des éléments importants comme Fernando Gaviria ou Niki Terpstra à l'intersaison suite aux difficultés à trouver un nouveau sponsor. Vous avez été inquiet ?

Non, j'avais confiance en Patrick Lefevere. Depuis le début, c'est grâce à lui si je suis là et je l'en remercie encore aujourd'hui. On savait que c'était en bonne voie et puis ce n’était pas possible qu'une formation comme ça disparaisse.

Vous avez un modèle dans l'équipe ? Un coureur qui vous inspire ?

Je respecte tout le monde, mais j'aime bien le parcours de Philippe Gilbert. Des coureurs comme ça, ce sont des légendes. C'est bien de pouvoir courir avec eux et de bénéficier de leurs conseils. C'est motivant.

Le coureur belge fait partie des meilleurs coureurs de classiques au monde. De votre côté, on vous a vu vous essayer, avec succès, autant sur les classiques que sur les courses à étapes d'une semaine. Comptez-vous vous spécialiser dans un domaine à l'avenir ?

Je passe un peu partout. Sur un grand tour, c'est difficile mais je pense que sur les courses d'une semaine je peux jouer les premiers rôles.Il ne faut pas que ça soit trop dur non plus. En ce qui concerne les classiques, j'ai encore à progresser. C'est pour cela que je fais beaucoup de semi-classiques. J'aimerais, bien entendu, participer à des courses comme le Tour des Flandres, mais je pense que ça viendra. Il me faut un peu plus d'expérience. Il y a plein de petits aspects à améliorer pour pouvoir être performant. Puis dans l'équipe où je suis, il y a beaucoup de concurrence. À moi de continuer ma progression, puis il suffit d'une performance sur une course intermédiaire pour accéder à des courses d'un échelon supérieur.

Revenons maintenant sur votre saison 2018. Êtes-vous satisfait de celle-ci ?

Oui, je pense que j'ai fait une bonne saison. Après, je n'ai pas gagné dix courses (1, ndlr), mais j'ai encore bien progresser. J'ai bien fini avec le Tour de Guangxi où j'ai terminé quatrième alors que c'était quand-même assez relevé. J'espère que ça va continuer comme ça l'année prochaine avec le Tour Down Under d'entrée de jeu.

Vous y allez avec des ambitions ?

Il n'y aura pas de leader, mais on aura quand même Elia Viviani pour les arrivées au sprint. Je pense que j'aurai ma carte sur l'étape de Willunga où il y a une montée pas trop longue et pas trop pentue qui me correspond bien. Si je ne perds pas trop de temps dans la première étape accidentée, je pense que je pourrai être performant au classement général.

Avez-vous vous un objectif précis pour cette saison à venir ?

J'aimerais commencer fort et bien finir un peu à l'image de cette année. Puis remporter quelques courses. J'ai également à cœur d'être performant sur les championnats de France. Enfin, sur les grands tours (Giro ou Vuelta), je souhaiterais avoir ma chance pour pouvoir gagner une étape. Ce serait beau. Mais je ne me mets pas de pression. Je reste avant tout au service de l'équipe. C'est comme ça que ça marche chez nous. Une fois c'est pour l'un, une fois c'est pour l'autre. Quand on est au départ d'une course, il y a sept coureurs qui sont capables de gagner. Il y a toujours une carte à jouer.

Avez-vous une idée de votre calendrier ?

Comme évoqué, je démarre au Tour Down Under, puis je ferai le Tour de Provence. Ce sera un de mes premiers objectifs et j'aimerais être bien au général. Ensuite, j'irai faire quelques petites classiques en Belgique comme le Samyn. Je ne sais pas encore si je serai au départ de Paris-Nice, mais je ferai après le Tour du Pays Basque, le Tour de Californie ainsi que le Dauphiné. J'ai un bon programme pour me montrer et pour pourquoi pas gagner des courses.

Quelle épreuve rêveriez-vous de remporter ?

Paris-Nice ou un championnat de France. C'est quelque chose de vraiment spécial.

Passons à un sujet brûlant, la fin de l'équipe Sky. Êtes-vous confiant sur leur capacité à rebondir ?

Il y aura peut-être une petite réduction de budget, mais je pense qu'ils vont trouver un repreneur. Je ne me fais pas de souci pour eux.

Enfin, votre avis sur les bienfaits des stages en altitude. Pour ou contre ?

J'en ai déjà fait deux à Livigno au mois de juin, c'est vraiment bien. Pour certains coureurs c'est bénéfique, pour d'autres moins. En ce qui me concerne, ça me met en bonne condition.

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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