Interview : Pavel Sivakov "Pas de Grand Tour pour moi cette année"

Interview : Pavel Sivakov "Pas de Grand Tour pour moi cette année"

A la veille du départ du Tour de Californie, Pavel Sivakov a pris le temps de revenir pour Velo-Club.net sur ses premiers pas chez les pros, ainsi que sur ses ambitions pour la suite de sa saison, à commencer par l'épreuve américaine qu'il s'apprête à disputer.

Suite à ta blessure, tu as repris la compétition un peu tard, lors de la Semaine Coppi et Bartali, est-ce que tu avais une petite appréhension sur le niveau que tu afficherais ?

Oui, c’est vrai que je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais le fait que je n’étais pas en reprise sur une course World-Tour a fait que ça s’est bien passé. Après, j’avais un peu d’appréhension c’est sûr, mais je sentais quand même que la forme était pas trop mal.

Est-ce que tu t’attendais à afficher ce niveau là, et à signer un top 5 ?

Non, pas un top 5, je me disais pourquoi pas un top 10, mais le top 5, non je n’y pensais pas. Par contre j’ai été étonné par la différence de niveau qu’il y a par exemple entre une Coppi et Bartali et un Tour du Pays Basque, où le niveau est assez énorme.

Comment tu l’as vécu justement ce Tour du Pays Basque ?

Ça a été assez compliqué pour moi. Physiquement j’étais un peu moins bien déjà, je suis tombé deux fois et j’ai du abandonner après la seconde chute donc ça ne s’est au final pas très bien déroulé pour moi.

Est-ce qu’il y a eu néanmoins des choses rassurantes comme le chrono ?

Oui le chrono, je me suis quand même un peu rassuré et j’ai fait un truc pas trop mal. Après, c’est l’une des plus grosses courses World-Tour de la saison, et je savais qu’en sortant ce celle-ci, j’avais encore du travail à faire, et un peu de poids à perdre.

Est-ce que tu t’es senti un peu plus à l’aise en Romandie ?

Oui, beaucoup plus à l’aise, j’ai pris beaucoup plus de plaisir, et j’étais plus relâché également. J’ai réussi à me glisser dans une échappée qui était difficile à prendre à cause d’un départ très rapide, et le jour d’avant, je m’étais également rassuré en montagne en faisant un bon boulot dans le dernier col pour le Team Sky, et ça m’a rassuré par rapport à ma condition.

Tu parles de l’équipe, Bernal a bluffé son monde en Romandie, est-ce que de l’intérieur, c’était le même sentiment ?

Ouais, il m’a impressionné, même si je savais qu’il pouvait faire de très grands trucs.

Il sera avec toi justement en Californie

Oui c’est ça, ce sera le leader de l’équipe ici, et si il a le même niveau qu’en Romandie lors des étapes de montagne, je pense que ça va être difficile de le battre, même si il y aura d’autres très bons concurrents.

Te concernant, auras-tu un rôle de « back-up » ou pas du tout ?

Je ne sais pas trop pour le moment, car on a aussi Tao (Geoghegan Hart) qui peut jouer ce rôle, et je pense que ce sera plutôt lui qui occupera cette position de « back-up ». On verra bien, ma condition semble meilleure qu’en Romandie, et encore une fois, mon rôle ce sera d’apprendre et de faire ce que l’équipe me demandera.

Donc plus un rôle collectif que des ambitions personnelles ?

Ouais, plus un rôle collectif. Si j’ai une bonne condition, c’est toujours plaisant de faire un bon boulot à l’avant et de faire sauter quelques gars, on prend du plaisir.

C’est un aspect rarement évoqué, c’est vrai qu’on prend du plaisir quand on voit les mecs qui sautent derrière ?

Ouais, on fait du vélo aussi pour faire sauter des mecs de la roue, donc c’est sûr que lorsque l’on accomplit un boulot comme ça, qu’on se retourne car on a terminé et qu’il reste plus que 15 gars dans le peloton, c’est plaisant. On se dit qu’on a les bonnes jambes et une bonne condition.

Pour terminer sur la Californie, il y aura un long chrono, est-ce que tu comptes te tester un peu dessus ?

Oui, la par contre je vais essayer de me tester sur le chrono. Effectuer tout d’abord un bon échauffement, et faire ensuite un bon chrono. J’en ai déjà effectué pas mal depuis le début de l’année, et je vais essayer de faire un bon truc.

Après la Californie, tu connais ton programme d’ici la Route du Sud ?

Je prendrai part aux Hammer Series, et la Route du Sud, ce n’est pas certain à 100 %. Ce sera peut-être le Tour de Suisse, je ne sais pas encore.

Du coup, ça serait soit un rôle d’équipier sur le Tour de Suisse, ou leader lors de la Route du Sud ?

Oui, après si l’on regarde ça d’une autre façon, on engrange beaucoup plus d’expérience lors d’une épreuve World-Tour. Pour comparer, j’ai accumulé beaucoup plus d’expérience même en abandonnant lors du Tour du Pays Basque qu’à l’occasion de la Coppi Bartali, alors que je termine 4ème. Ça m’a vraiment marqué la différence de niveau.

Donc ce qui est un peu en balance, c’est d’un côté aller prendre de l’expérience en Suisse, ou bien se faire plaisir à domicile lors de la Route du Sud ?

Oui c’est ça. Après le Tour de Suisse, ça permettrait de bien finir mon bloc de première partie de saison. C’est plus long, plus difficile, et il y a un chrono par équipes et un contre-la-montre individuel, donc c’est peut-être plus pertinent d’aller finir ce bloc la-bas.

Quel sera le programme après cette fin de première partie de saison, un peu de repos ?

Oui, un peu de repos en juillet, et ensuite je reprendrai je pense par un stage en altitude, et concernant la suite, je ne sais pas encore.

Tu as des envies particulières par rapport à cette seconde partie d’année ? La Vuelta ?

Non, pas de Grand Tour pour moi cette année ça c’est certain. Après, je ne sais pas, on avait évoqué la possibilité de faire les classiques canadiennes, ce qui me plairait bien, et comme j’ai loupé des courses en début d’année, je pense que je ferai partie des coureurs qui termineront tard en Chine au mois d’octobre.

Propos recueillis par Charles Marsault

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