Interview : Hugo Houle "Gagner ma place pour le Tour de France"

Interview : Hugo Houle "Gagner ma place pour le Tour de France"

Arrivé l'an passé chez Astana après cinq années passées chez AG2R, Hugo Houle vient de réaliser sa meilleure saison depuis qu'il est en Europe. Actuellement en stage à Altea (Espagne) avec la formation kazakh, le québecois domicilié à Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme s'attend à avoir plus de liberté en 2019 et ambitionne de disputer le Tour de France en juillet prochain.

Quel bilan faites-vous de cette première année au sein de l'équipe Astana ?

C'est ma meilleure saison depuis que je suis arrivé en Europe. Le changement d'environnement m'a forcé à repousser mes limites et à progresser. Que ce soit dès le début de l'année sur les courses françaises où j'ai senti que j'étais un petit peu plus dans le coup, même si il me manquait le petit quelque chose pour faire la différence. Par la suite, en Belgique, j'ai fait du bon travail pour notre leader Michael Valgren. Sur Paris-Nice, on a défendu pas mal de jours le maillot de leader de Luis Leon Sanchez. Ça fait aussi progresser de passer plusieurs journées à l'avant du peloton. Enfin, sur la fin de saison, j'ai eu plus d'opportunités que ce soit à La London Classic (13ème), au Tour du Danemark (8ème) ou au Tour de Poitou Charentes (4ème).

On vous a même vu vous essayer au sprint comme sur le Tour de Guangxi. C'est quelque chose que vous affectionnez ?

Disons que j'étais libre de faire le sprint étant donné qu'on n'a pas beaucoup de sprinters. Je n'ai pas une puissance extraordinaire, mais j'arrive à me faufiler et si je peux aller faire un résultat pour l'équipe je me porte bien volontaire.

Ça a été un regret de ne pas faire de grand tour ?

Oui et non. C'est toujours agréable d'en disputer un car ça fait progresser, mais j'ai préféré faire les grand-prix au Canada plutôt que la Vuelta. Puis pour le Tour de France, je n'ai pas été pris dans la sélection finale.

Avez-vous déjà une idée de votre programme pour 2019 ?

Je devrais avoir la confirmation dans les prochains jours, mais ça risque d'être assez similaire à la saison dernière. Beaucoup de classiques flandriennes en Belgique, avec un passage par Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico. Je devrais débuter la saison par le Tour de Valence et le Tour d'Oman.

Avec le départ de coureurs comme Michael Valgren ou Oscar Gatto, le groupe pour les Classiques est assez restreint. Allez-vous, du coup, avoir encore plus de liberté ?

C'est certain, car on n'a pas recruté de coureurs dans ce secteur là. On aura comme leader Magnus Cort qui est encore assez jeune, mais qui est très fort. Je pense qu'il peut encore bien progresser donc je vais essayer d'être un élément clé autour de lui. Après, si je suis capable d'avoir des opportunités je vais essayer d'aller chercher des beaux résultats. Mais sur les classiques le niveau est très relevé ce sera donc un beau challenge.

Á titre personnel, vous vous fixez un objectif pour cette saison à venir ?

J'aimerais aller chercher un Top 10 sur les classiques du début de saison. Ce serait un très beau résultat pour moi. Après ça, le focus sera mis sur le travail d'équipe pour gagner ma place pour le Tour de France.

D'un point de vue plus général, comme évaluez-vous le potentiel d'Astana pour cette saison 2019 ?

C'est certain qu'au niveau des classiques on a perdu un élément clé avec Michael Valgren. On a tout de même un groupe bien soudé qui est capable de compenser par un bon travail de chacun pour aller chercher des places d'honneur. On s'est surtout renforcés pour les grands tours. Au niveau de la haute montagne, on va avoir beaucoup de coureurs dont quelques jeunes qui peuvent créer des surprises. À ce niveau-là, je pense qu'on est plus fort.

Votre avis, justement, sur les nouveaux venus. Leur intégration s'est bien passée ?

Oui. Les frères Izagirre connaissaient déjà plusieurs coureurs donc ça facilite les choses. Il en est de même pour les Colombiens autour de Lopez.

D'un point de vue du langage, comment on communique dans une équipe cosmopolite comme Astana ?

Principalement en Anglais. L'année dernière, il y avait beaucoup plus d'italiens. Maintenant, ça risque de tourner plus sur l'Espagnol. Mais on communique surtout en Anglais, même si il est vrai que ça parle un peu dans toutes les langues (rires).

Et de votre côté, vous vous situez où ?

Je suis assez versatile, je peux m'adapter à plusieurs groupes. Je n'ai pas de souci avec qui que ce soit. Après, forcément, j'ai plus de lien avec les coureurs avec qui je passe le plus de temps sur les courses comme Laurens De Vreese ou Magnus Cort. Je m'entends bien également avec Jakob Fuglsang et tous les Danois en général. C'est naturel. La mentalité est proche des canadiens aussi.

Justement, vous avez manqué les championnats canadiens l'an dernier. Qu'en est-il pour cette saison ?

C'est certain que quand on vise le Tour de France, ce n'est pas trop l'idéal d'aller faire les championnats nationaux. Ce serait agréable de les disputer, mais si je veux faire le Tour et arriver au départ dans la meilleure condition possible, il vaut mieux rester en Europe et éviter les longs déplacements.

Pour conclure, un mot sur votre coéquipier Bakhtiyar Kozhatayev forcé de stopper sa carrière à vingt-six ans. Cela a été une surprise pour vous ?

Personnellement, je suis toujours touché quand un coureur doit arrêter sa carrière pour un problème de santé. Ce sont des choses qu'on ne contrôle pas, mais la décision a été prise pour son bien. J'ai été surpris, oui et non, car déjà en septembre dernier il avait eu des soucis et l'équipe avait fait plusieurs tests. La priorité pour l'équipe médicale d'Astana est la santé des coureurs et ils ne voulaient pas prendre de risque à ce niveau-là.

Enfin, que pensez-vous de l'annonce de l'arrêt de l'équipe Sky en fin de saison ? Doutez-vous de leur capacité à trouver un repreneur capable de mettre autant d'argent ?

C'est une formation qui peut plaire aux sponsors, mais par contre, comme vous dites, c'est beaucoup d'argent. Pas n'importe qui peut dégager un budget aussi élevé. Je suis cependant certain que c'est un excellent placement par rapport au montant investi. Ce sont des professionnels, ils savent ce qu'ils font. Ce n'est pas moi qui vais dire s'ils vont trouver un sponsor ou non, mais je suis convaincu qu'ils ont ce qu'il faut pour faire les démarches afin que l'équipe continue.

Propos recueillis par Alexandre Paillou

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