Interview : Damien Garcia "Satisfait de la saison d'Interpro - Stradalli"

Interview : Damien Garcia "Satisfait de la saison d'Interpro - Stradalli"

Alors que la nouvelle saison approche à grand pas, Damien Garcia, le manager de la formation Interpro - Stradalli a pris le temps d'échanger avec Velo-Club.net. Pour nous, il revient sur l'année écoulée, l'intersaison, mais aussi les ambitions de son équipe pour la saison 2019.

 

Pour débuter, peux-tu nous tirer un bilan rapide de la saison d’Interpro – Stradalli ?

C’était la deuxième saison en division continentale de l’équipe Interpro – Stradalli, la première me concernant en tant que manager d’équipe. Le bilan est plutôt positif, avec un calendrier de courses complet, puisque l’on cumule un peu plus de 100 jours de compétition au niveau UCI. On a également couru sur les 5 circuits continentaux, avec une victoire sur le Tour du Maroc, plusieurs podiums, dont une seconde place sur le Tour de Beauce, de nombreux top 10, ou encore des maillots distinctifs, comme celui de meilleur grimpeur obtenu lors de la Vuelta Castille et Leon. Donc oui, on va dire que c’est une saison complète, d'autant plus que notre effectif est jeune, il ne faut pas l'oublier, 60% de nos coureurs ont moins de 23 ans.

Tu es donc satisfait globalement des performances de tes coureurs ?

Ouais, comme je l’évoquais nous sommes satisfaits, ce n’était pas forcément évident car il y a beaucoup de nationalités dans l’équipe, et le recrutement de la saison passée avait été assez tardif. Il fallait donc un peu de temps pour que la mayonnaise prenne, mais on a répondu présents du début à la fin de la saison, ce qui est plus que positif.

Tu l’as dit, c’était ta première année en tant que manager, qu’as-tu appris à ce niveau ?

Ça a été un changement assez important pour moi, il a fallu gérer l’aspect humain et les relations entre le staff, les coureurs et l’encadrement technique notamment. Il faut aussi gérer le budget, ce qui n’est pas toujours évident, car comme vous le savez, une équipe de division continentale a tout sauf un budget illimité. Enfin, il faut bien entendu établir un calendrier cohérent pour chaque coureur, afin qu’il puisse tirer le meilleur de lui-même.

Est-ce que l’on découvre vraiment un autre monde quand on passe de l’autre côté ?

Oui, car déjà on a affaire à des personnes avec lesquelles on n’a pas forcément l’habitude de traiter en tant que coureur. Que ce soit les agents, les organisateurs de courses, les médias, avec qui on échange beaucoup plus, etc...Et puis comme je te le disais précédemment, il y a la gestion humaine, car on doit être en contact permanent avec les coureurs et le staff. C’est vraiment une autre facette du monde du vélo que je ne connaissais pas dans tous ses détails avant cette année.

Pour conclure sur ton rôle, une question sur la transition coureur/manager, est-ce facile de passer de co-équipier à « patron » ?

Patron c’est un bien grand mot, même si je devais diriger l’équipe. Il y a trois coureurs de l’effectif 2018 qui étaient déjà présents en 2017, et il y a donc forcément des affinités avec ces gars là, mais il faut savoir faire la part des choses et être le plus professionnel possible. C’est ce que j’ai essayé de faire tout au long de l’année en me concentrant sur mon boulot de manager et en donnant des directives à tous les coureurs sans faire de différence.

Pour revenir au sportif, tu as géré ton premier mercato durant l’intersaison, et une signature a interpellé dans le bon sens du terme, c’est celle de Hernan Aguirre, comment l’as-tu convaincu de vous rejoindre ?

C’est un coureur que nous avons eu l’occasion de voir à deux reprises cette année, sur la Vuelta Aragon tout d’abord, puis lors du Tour of Qinghai Lake, qui est selon moi l’épreuve la plus importante de l’Asia Tour, et qu’il a remporté, avec à la clé les deux étapes de montagne. Il a des capacités de grimpeur indéniables, et il était à la recherche d’un nouveau challenge pour se relancer après 4 saisons chez Manzana. Chez Interpro – Stradalli, on lui offre un calendrier de courses intéressant, un rôle de leader et la possibilité de se faire remarquer pour intégrer ensuite une équipe World-Tour, c’est ce qu’on lui souhaite.

Tu as aussi recruté Adrien Guillonnet, qu’est-ce qui t’a convaincu de lui donner sa chance ?

Il m’avait été conseillé par un ami proche qui suit beaucoup le cyclisme amateur français. C’est un coureur qui est au plus haut niveau amateur depuis plusieurs années, qui a gagné beaucoup de courses, et je pense qu’il avait fait le tour à ce niveau. Nous on peut lui offrir un calendrier intéressant, et pourquoi pas une belle transition entre les amateurs et le plus haut niveau. Personnellement, je suis très content de son arrivée.

Est-ce que ça te surprend qu’un mec comme lui n’ait pas eu sa chance plus tôt ?

Surpris oui et non, car il suivait dans le même temps des études d’ingénieur qu’il a terminé en juin dernier, et on sait que ce n’est pas toujours facile de concilier les deux. D’un autre côté, il est régulier depuis plusieurs années, il a gagné de grandes courses amateurs, et il y a des coureurs qui sont passés pros dans des structures françaises avec un palmarès bien moins important. C’est un gros talent en tout cas, et il mérite sa chance au plus haut niveau.

Côté transferts toujours, on a remarqué que les érythréens n’étaient pas renouvelés, est-ce toujours lié à ces problèmes de visas ?

Nous avions un coureur érythréen en début de saison (Tesfom Okubamariam), et un que nous avons intégré en cours d’année (Zemenfes Solomon), et c’est vrai qu’on a eu pas mal de soucis avec les visas. Ce n’est pas forcément la seule explication, mais c’est certain que ce n’était pas évident pour nous d’être souvent dans l’attente de la délivrance de visas.

Malgré le fait qu’il soit arrivé en provenance du World-Tour, Vermeulen n’a pas forcément énormément brillé, est-ce que tu as été déçu de ses performances ?

Déçu non, car il a remporté un succès et a été très régulier. Il est arrivé en cours de saison et cela n’a pas été évident de s’adapter, car on a forcément pas les mêmes moyens que LottoNL-Jumbo et une formation du World-Tour. En tout cas on a fait notre maximum pour lui donner un calendrier complet, et lui s’est donné également à 100%. On l’attendait peut-être certes un peu plus sur les épreuves européennes, mais il a fait une année honorable.

Quelles seront les ambitions de l’équipe l’an prochain ?

L’idée sera tout d’abord de former les jeunes et de les amener au plus haut niveau. On sera donc dans un rôle de formation, avec l’envie de poursuivre sur la lancée de la saison 2018.

Avez-vous déjà défini un programme de courses pour le début de saison ?

On devrait reprendre la saison par un stage et une présentation d’équipe qui aura lieu le 15 janvier. Ensuite, on débutera l’année au Challenge de Majorque, avant d’enchaîner avec le Tour du Rwanda et le Tour de Langkawi.

Cette année, le calendrier était plus accès sur l’Asia Tour, est-ce qu’on vous verra plus en Europe en 2019 ?

Oui car le cœur du cyclisme est en Europe, même si nous avons toujours la volonté d’avoir un calendrier international. Nous aurons par ailleurs une base en France, à l’Isle-Jourdain, où nous aurons notre service courses et une maison pour les coureurs. Sans oublier le partenariat avec Culture Vélo, qui évolue dans les rangs juniors, et devient filiale d’Interpro-Stradalli.

J’imagine que tu vois aussi au-delà de 2019, quelles ambitions pour la suite ?

Je préfère prendre les choses au jour le jour, même si il est vrai que les sponsors aimeraient pouvoir accéder à la division Conti-Pro. Beaucoup d’équipes rêvent d’accéder à cet échelon, mais entre ça et la réalité il y a une grosse différence.

Puisque l’on évoque la Conti-Pro, une nouvelle réforme va voir le jour, est-ce un handicap pour une équipe qui voudrait grandir et arriver dans cette division ? Ceci dans le sens où il y a déjà une certaine course à l’armement qui risque de tout bloquer au niveau des invitations.

Je pense que c’est un système qui va favoriser les équipes à gros budget, car celles-ci pourront acheter des coureurs avec beaucoup de points. Je trouve ça un peu dangereux, car les équipiers qui se sacrifient toute l’année par exemple pourraient être laissés aux oubliettes en fin de saison, car ils n’auront pas assez de points. On a vu il y a quelques années qu’il y avait eu des soucis par rapport à cela, donc on verra comment les choses se passent...

Propos recueillis par Charles Marsault (crédit photo : Shu Kato)

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