Interview : Alain Gallopin "On ne peut pas dire que le bilan est exceptionnel"

Interview : Alain Gallopin "On ne peut pas dire que le bilan est exceptionnel"

Un mot tout d’abord avant de passer au bilan de la saison de l’équipe Trek, tu ne feras plus parti de la structure l’an prochain, peux-tu nous en expliquer les raisons ?

La raison est financière, nous n’avons pas trouvé d’accord à ce niveau-là, et moi j’ai passé un âge où je veux des bonnes conditions pour travailler sur cet aspect. C’est donc un désaccord financier uniquement.

Tu n’as pas encore retrouvé d’équipe, est-ce que la volonté de continuer en tant que DS est toujours présente ?

Normalement je devais rester chez Trek pour faire du management, et éventuellement faire quelques courses. Il y avait beaucoup à faire notamment avec la gestion des équipes féminines et masculines, et c'était censé être ma mission la saison prochaine, mais si ils ne veulent pas me rémunérer à ma juste valeur, je passe à autre chose.

Tu as passé de nombreuses années chez Trek, si tu devais retenir 2 moments, un bon et un mauvais, lesquels seraient-ils ?

Je suis chez Trek depuis 11 ans (avec Astana), et parmi les vrais bons moments que je retiens, il y a forcément la victoire d’Alberto Contador sur le Tour de France 2009, ça reste un moment d’exception. J’ai de bons souvenirs de ces deux saisons avec Alberto, et c’était également la période du come-back d’Armstrong, une expérience hors du commun je dois le reconnaître. On peut dire tout ce qu’on veut de lui, mais c’est un type très pointu au niveau du travail. Ensuite, j’ai vécu des bons moments avec des coureurs comme Irizar, et plus récemment Skujins sur des courses de moindre importance.

Pour revenir à la saison de ton équipe, quel est le bilan global que tu tires ?

On ne peut pas dire que le bilan est exceptionnel, même si on a de belles victoires. Côté satisfactions, on notera Jasper Stuyven, tout comme Mads Pedersen qui a montré de belles choses, un grand champion en devenir pour moi. Toms Skujins a également été performant. Concernant nos leaders, Mollema a été présent et Degenkolb a remporté l’étape de Roubaix ce qui était fantastique, mais en dehors de ça, il n’y a que deux succès, et c’est assez peu pour un champion de son niveau. Pour finir, un petit « cocorico » pour Julien Bernard qui a fait un bon Tour de France.

Peut-on parler d’une année de transition pour Trek – Segafredo ?

Oui, on l’espère. Richie Porte est normalement une valeur sûre qui répond toujours présent lors des courses par étapes d’une semaine. On souhaite qu’il fasse aussi un grand Tour de France, et même si je ne ferai plus parti de l’équipe, j’espère vraiment qu’il réussira. Pour Trek, ça serait une immense satisfaction si il réalise un podium lors de la Grande Boucle.

Malgré des ambitions assez élevées, Bauke Mollema n’a pas réussi à jouer avec les meilleurs cette année lors des courses par étapes, est-ce une déception ?

Oui quand même. Il est régulier, toujours présent, mais ça reste une déception.

La fin d’année a été marquée par un événement extra-sportif, le transfert de Sosa, peux-tu nous en dire plus sur le sujet ?

Pas vraiment pour être honnête, car je n’ai pas beaucoup de contacts avec mon manager. C’est dommage pour l’équipe Trek-Segafredo, mais aussi pour Sosa. Chez nous, il aurait eu une grande liberté sportivement parlant, car nous attendons depuis longtemps des coureurs de sa trempe, capables de gagner en montagne. Limite c’était plus intéressant de voir un Sosa qu’un Porte, car Richie a déjà tout prouvé. C’est la même chose que Contador, à part les points et les résultats, il ne peut pas vraiment apporter autre chose, alors qu’un jeune comme Sosa qui brille, c’est génial pour une équipe. C’est dommage, et c’est un problème de management, il y a désormais des managers très influents dans le monde du cyclisme, et voila le résultat. C’est la loi du marché, on n’y peut pas grand-chose.

Côté transferts, on note deux arrivées significatives, celle de Richie Porte tout d’abord, es-tu inquiet par rapport à sa faculté de revenir au plus haut niveau quand on voit sa fin de saison ?

Je pense que c’est un coureur qui se connaît et qui n’a pas l’habitude de faire des grandes deuxièmes parties de saison, car il est présent dès janvier avec le Tour Down Under. Nous personnellement on préfère qu’il gagne l’an prochain avec Trek-Segafredo, plutôt que là en fin de saison (rires).

Matteo Moschetti ensuite, comment juges-tu ses premiers pas et quel avenir pour lui selon toi ? Est-il le futur du sprint italien ?

C’est un très bon coureur. Je l’ai eu au Tour du Poitou-Charentes, et il a terminé deuxième derrière Arnaud Démare le premier jour. Il a un très bon mental, et du talent à revendre. Je l’évoquais plus tôt, mais c’est sur des jeunes comme ça qu’il faut miser, et Luca a réalisé un bon coup en le recrutant. On n’en a pas trop parlé, mais pour nous deux autres jeunes ont brillé cette année, Niklas Eg et Nicola Conci, ce sont également des coureurs intéressants qui ont passé un palier cette saison.

Propos recueillis par Mylène Terme (photo : trek-segafredo)

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